Le saviez-vous ? Avant que le groupe Volkswagen ne s’en charge, Renault était sur les rangs pour racheter la marque Skoda. Mais la marque au losange n’a par contre pas laissé échapper l’un des vieux partenaires du losange, Dacia.

Le comportement actuel des clients Dacia est le suivant : ils ne profitent pas des légendaires tarifs attractifs de la marque pour repartir avec une voiture meilleure marché, mais le plus souvent avec une voiture à tarif identique mieux motorisée et mieux équipée qu’à la concurrence. Les clients de Skoda suivent la même démarche. En cela, notre choix de la version la plus chère est justifié. Il s'agit d'une dCi 110 Prestige 4x4 : ça en jette non ?

Avec ses jantes alu, sa peinture intégrale Brun Cajou, ses protections et ses rétroviseurs gris satinés ainsi que ses vitres surteintées, notre Dacia Duster a fière allure ! Du reste, avec ses ailes musclées, son arrière large et sa face avant brutale, il a pas mal de succès dans la circulation et les commentaires du public sont aussi fréquents que positifs. A noter que le fait que les portes soient récupérées de la Dacia Sandero passe totalement inaperçu.

L’intérieur est simple. Très simple. Le tableau de bord est celui déjà utilisé par les Logan et les Sandero, jusqu’aux compteurs que l’on trouve également dans les Clio Campus. Cela sous-entend des plastiques durs, sonnant creux, et un nombre de rangements relativement réduits. Pour autant, tout semble assemblé avec soin et la simplicité de l’ensemble devrait assurer une durée de vie importante. The touch of class : les Duster Prestige bénéficient de plastiques laqués ton caisse.

Rançon d’un prix serré, le catalogue d’options est vraiment réduit à sa plus simple expression, mais la finition Prestige offre l’essentiel : 4 vitres électriques, rétros électriques, sellerie cuir, climatisation manuelle et ordinateur de bord. On trouve également un volant cuir, et un joli pommeau de levier de vitesses cuir, comme dans les Mégane R26… Il y a même un vérin de capot, chose parfois absente sur des véhicules bien plus chers ! Pour les automatismes (phares, essuie-glaces, climatisation) ou même un thermomètre de température extérieure, changez de marque ! Et sortez le chéquier. Car à part le Suzuki SX4, très très bien placé en prix, toute la concurrence est bien plus chère : les Yeti et Urban Cruiser réclament 3500 € de plus, le Seidici 4000 €, et le Berlingo Dangel 6000 ! Et on ne parle pas de la pauvre Panda Cross, qui pour un prix équivalent est motorisée par un faible 1.3 JTD de 75 chevaux…

C’est donc entendu, le Dacia Duster dCi 110 Prestige 4x4 est sans concurrence dans cette gamme de prix. Mais que valent les prestations une fois au volant ? Hop, en voiture. Au volant, on se sent immédiatement… au volant d’une Clio II ! Nous sommes donc assis haut et droit, mais cela choque moins au volant de ce petit 4x4 qu’aux commandes de la française.

Le 1.5dCi est bien connu puisqu’il est apparu sur ladite Clio en 2001. Il se présente ici dans sa variante la plus évoluée et inaugurée par la Laguna III, forte de 110 chevaux et d’un couple de 24.5 mkg. C’est peu pour un 4x4, et peu à l’heure où n’importe quelle berline moyenne peut disposer d’un diesel de 150 chevaux voire plus. Mais comparé à un turbo-diesel d’il y a 10 ans, ce n’est pas mal du tout. Et rapporté au poids de l’engin… C’est même très bien à condition que la boite ne soit pas trop longue, comme c’est trop souvent le cas actuellement !

Ici, il faut bien reconnaitre que la boite n’est pas trop longue. Oh non... Par mesure d’économie, les rapports de boite ont été repris tels quels d’une autre auto du groupe, mais le rapport de pont a été choisi court, trèèèèès court ! Tout simplement pour avoir une 1ère très lente et pouvoir se passer d’un réducteur en franchissement ou pour remorquer de lourdes charges, comme sur un Volkswagen Iltis ou un Toyota Tercel 4wd.

Entre la vigueur du dCi 110, le poids contenu des Dacia et la boite très courte, le Duster 4x4 est une bombe sur la route ! Seule condition : ne pas économiser le levier de vitesses, car sur petite route vous changerez de rapport en permanence ! Le 6ème rapport s’apparente un peu à ce qui serait dans une autre voiture une 5ème un peu plus courte que la moyenne, mais heureusement le Duster ne fait entendre son moteur qu’une fois passé le cap illégal des 130 km/h. Il atteint malgré tout 170 chrono, le moteur régulant à ce régime. Pas mal du tout pour un petit 4x4 !

La bonne nouvelle, c’est que la tenue de route est à l’avenant. Et même plus ! Le Dacia Duster ne prend pas de roulis, la motricité est (bien entendu) impeccable, et il est possible d’aller vraiment très très vite avec ce véhicule ! C'est en somme associer la tenue de route d'une Clio à une transmission intégrale ! Pendant tout notre essai, passé à essayer de prendre en défaut l’engin, l’ESP ne s’est même pas déclenché… Du tout bon, et une excellente surprise.

Bon, et que vaut le Duster en tant que 4x4 ? Pour être honnête, nous l’attendions au tournant. La veille de notre essai, nous mangions avec l’équipe de GKN Driveline, qui a participée activement au Duster 4x4 (voir encadré). Et leur phrase fût : «  On a travaillé pendant des années dessus, nous sommes fiers du résultat, vous n’arriverez pas à le planter ». Dès lors, nous n'avions qu'une idée en tête... Déjà qu’il n'en faut pas beaucoup pour nous pousser…

On commence donc par de la piste. Le Duster se conduit comme une Clio : confortable, très efficace, facile, sans bavure… On roule vite, très vite même ! Bien plus vite qu’avec tout autre 4x4 ! La transmission se fait complètement oublier en mode Auto, parfaitement calibré par l’équipe de GKN Driveline. Mais on ne vous a pas dit le meilleur : c’est ludique ! Sur piste glissante, en virage, il a été possible de faire survirer à l’accélération le Duster ! Ce que l’on n’avait plus réussi à faire depuis la Renault 5 Turbo 2, ce qu’on ne peut pas faire avec une Clio RS ou une Mégane, le Dacia Duster vous l’offre contre un tarif discount !

Devant tant de succès, nous sommes allés faire du franchissement avec le Duster. Pas n’importe comment : nous avions un ange gardien, un HDJ80 prêt à nous sortir d’un mauvais pas. Pour commencer, notons qu’avec une garde au sol suffisante et des angles d’attaque et de sortie avantageux, le Duster ne frotte pas. Et il joue parfaitement de sa première courte et son poids plume, même dans le gras chaussé en pneus route. Un sacré client que ce petit Dacia ! La réponse à l’accélérateur et la gestion de l’antipatinage sont manifestement différentes une fois le coupleur bloqué (position Lock) et ça lui réussit : l’engin est passé partout ! Le seul endroit où il nous a fallu 3 tentatives pour passer… Il en a fallu également 3 au HDJ80 ! Résultat au-dessus de nos espérances donc, même si nous n’avons pas osé faire du franchissement extrême façon Camel Trophy bien entendu.

Pendant ce temps, la consommation ne s’enflamme pas. Elle est même anormalement basse pour un 4x4, jugez vous-même : 5.5 L/100 sur route, 6.8 L sur autoroute, 7.0 L en ville et 8.0 L en tout-terrain, soit une moyenne pour tout notre essai de 6.5 L/100. Sachant que nous n’avons pas touché au mode 2wd, et que nous avons roulé vite en permanence. Etonnant, non ?

Le confort de suspension est à l’avenant. Le compromis est parfait, l’amortissement étant efficace sans être trop ferme. Le confort est donc bon, très bon, même s’il y a des bruits d’air au-delà de 130 km/h : vu la clientèle visée, ça ne devrait pas être bien gênant. L’habitabilité est bonne, semblable à celle d’une Clio, mais le coffre est sensiblement plus grand que cette dernière.

Il est bon sur la route, il est bon sur la piste, il est bon en tout-terrain : quelle surprise ! Mais en prime il est économique, pratique et éminemment sympathique. Un vrai coup de cœur que l’on aurait bien voulu garder, à la rédaction…

Texte & photos: Manu Bordonado

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