Pendant 30 ans, le Pajero a toujours eu un coup d’avance sur la concurrence. Retour sur un 4x4… pas tout à fait comme les autres, au volant de la bien nommée série limitée 30th Anniversary.

Retour en arrière : en 1982 apparait le premier Pajero. Il se caractérise par ses roues avant indépendantes, garantes à la fois d’une tenue de route et d’un confort supérieur à la concurrence. Pendant que Toyota vient tout juste d’adopter la direction assistée et les freins à disques sur son Land Cruiser…

En 1989, le Pajero turbo-diesel adopte un intercooler. Environ 10 ans avant les Land Cruiser et les Patrol… En 1991 c’est la transmission intégrale permanente Super Select. Ce Pajero de seconde génération sera du reste largement copié par Toy’ pour son KZJ90/95 !

Enfin en 2000, le Pajero – tout authentique 4x4 qu’il est – passe à la caisse autoportante et aux 4 roues indépendantes, comme un SUV ! Son exemple sera suivi par les Land Rover Discovery puis Nissan Pathfinder, preuve que la formule était fort intelligente !

De toutes ces innovations, il ressort une constante : tout en conservant de très bonnes aptitudes au franchissement, les Pajero se sont toujours distingués de la concurrence par des capacités routières plus développées. D’ailleurs, un simple coup d’œil sur son palmarès le confirme : avec 12 victoires au Dakar, on n’est plus très loin de l’OPA !

Notre version 30th Anniversary salue cette belle carrière. Limitée à 300 exemplaires numérotés, elle se caractérise par sa robe d’une couleur splendide (Granite Brown) et par un intérieur cuir crème du plus bel effet. Bien entendu, on trouve également les quelques modifications esthétiques en vigueur pour 2012 : nouvelle calandre, nouveau bouclier avant, et nouvelles jantes...  Assurément un splendide 4x4 ! Rassurez-vous, ça ne nous a pas empêché de mettre à rude épreuve l'exemplaire n°003 qui nous était prêté.

Sous le capot, nous avons affaire comme toujours ou presque à un 4 cylindres turbo diesel. D’une cylindrée élevée (3.2 litres), il rassemble tous les ingrédients du diesel moderne : 16 soupapes commandées par un double arbre à cames en tête, rampe commune, turbo à géométrie variable… De quoi offrir les meilleurs chiffres parmi les rares 4x4 qui existent encore : 200 chevaux et un couple de 45 mkg. Comme un camion !

Le Pajero donne le choix entre une boite manuelle et une boite automatique. Malheureusement… Elles ne comptent dans les deux cas que seulement 5 rapports, ce qui commence à être peu de nos jours. Le 30th Anniversary étant une version haut de gamme, elle n’est disponible qu’en boite auto.

Malheureusement, cette boite automatique n’est pas à la hauteur de ce que l’on peut trouver par exemple sur le Land Rover Discovery. Elle se caractérise par le patinage de son convertisseur de couple et son manque de dynamisme (d’ailleurs, vous demanderez ce que signifie Pajero en espagnol…). Du coup, cela masque en partie la présence des 200 chevaux et donne une sensation de lourdeur à l’ensemble. Pour un usage purement routier, nous lui préférerons donc la boite manuelle.

Car sur la route, le Mitsubishi Pajero reste un sacré client ! Oh bien sûr, il est plus lourd, plus gros et moins vif qu’à peu près n’importe quel SUV. Reste que pour un authentique 4x4, il reste drôlement plaisant à conduire, un niveau au-dessus de la moyenne. La direction est directe et précise, le roulis est contenu, et sur un itinéraire sinueux il se montrera plus maniable que la moyenne grâce à la possibilité donnée par la transmission Super Select II de débrayer le 4x4 permanent pour passer en mode propulsion. Tiens tiens, une idée reprise par le Pathfinder…

Bon, et le tout-terrain dans tout cela ? Et bien le Pajero est fidèle à l’esprit qui l’anime depuis 30 ans. En clair, il ne compte pas se faire l’égal d’un Defender ou d’un G, mais avec ses airs de ne pas y toucher il assure complètement !

Sur piste, les chevaux et les suspensions permettent de rouler fort, vraiment fort ! De plus, la transmission Super Select II permet au choix d’avoir un comportement très stable ou au contraire un jouet rigolo à emmener si l’on a opté pour la propulsion et que l’on a pris soin de couper le contrôle de stabilité ! A nouveau, on pestera sur la boite auto qui nous oblige à passer en mode manuel, à défaut d’autre chose.

Le franchissement nous réconcilie enfin avec le convertisseur de couple de la boite auto. On passe sans forcer, sur un filet de gaz ! Rappelons que le Pajero a le bon goût de proposer un blocage de différentiel arrière. Cela peut paraitre anodin, mais c’est l’un des derniers à le faire ! Et cela lui donne dans cet exercice une efficacité clairement supérieure à ses concurrents directs, le Land Cruiser notamment. Nous avons même tenté de suivre un parcours en tout-terrain sans y toucher. Son antipatinage, très efficace et très bien géré, nous a permis de passer quand même partout !

Les angles d’attaque et de sortie sont du reste excellents, aussi le Pajero frotte peu et passe partout. Presque : les splendides marchepieds de notre 30th Anniversary sont évidemment peu compatibles avec un tel usage, de la même manière que les pneus d’origine ne sont pas adaptés à l’exercice. Mais c’est pareil sur tout 4x4 haut de gamme…

En termes de tarifs, la gamme du Pajero en offre pour tous les prix et c’est vraiment appréciable ! La finition d’accès Inform se présente à un tarif raisonnable et dispose (mis à part ses jantes tôle) d’un très bon niveau d’équipement, avec les airbags, la clim’ automatique etc… Bien entendu d’autres versions existent, encore mieux équipées, mais le tarif grimpe alors très rapidement.

A 30 ans, on a encore de beaux jours devant soi et le Mitsubishi Pajero 30th Anniversary nous le démontre. En fait, on ne lui a pas vraiment trouvé de défauts à part sa boite paresseuse...

Réagir à l'essai du Mitsubishi Pajero DID sur le forum

Texte & photos: Manu Bordonado